Conférence "Témoins sourds, témoins silencieux" ou comment la persécution des sourds par les nazis, a été passée sous silence par Brigitte Lemaine, sociologue et réalisatrice. Étant enfant j'ai compris à travers les discussions entre adultes sourds que les personnes sourdes avaient eu très peur sous l'occupation nazie. Je me suis toujours demandée ce qui s'était passé et je n'ai pas eu de réponse dans les livres d'histoire. Je savais que mon grand-père avait perdu pendant la guerre, son travail d'écrivain-lithographe (graphiste) pour la publicité d'abord aux Imprimeries Chaix puis à son compte, faute de papier puisque seules les autorités allemandes et leurs collaborateurs avaient le droit d'en imprimer. Ma mère m'avait confié que c'est elle qui faisait la queue pour le ravitaillement et que son père avait dû travailler sur les chantiers des nazis avec un ami sourd. Je me souviens d'une histoire de coups qu'il avait reçu, parce qu'il n'avait pas entendu les ordres et aussi de ses mains abimées par les travaux très durs. Quand on m'a proposé en 1992 de participer à la pièce de théâtre "Le chant d'amour des Alphabets d'Auschwitz" d'Armand Gatti où il souhaitait intégrer des alphabets en langue des signes, j'ai demandé que le comédien sourd Joël Liennel participe et qu'on organise un débat autour de la question des sourds sous le IIIème Reich. Il a eu lieu le 27 janvier 1993 à la bibliothèque de Bagnolet grâce au réalisateur Stéphane Gatti et à l'Association des Sourds Juifs de France. Des sourds sont venus de toute la France et le débat a été filmé. Ce fut le point de départ d'une longue recherche qui a été concrétisée par la réalisation de deux films documentaires "Témoins sourds, témoins muets" en 1993 et "Témoins sourds, témoins silencieux" diffusé sur la chaine Histoire en 2001 et dans les festivals, les cinémas (dernière projection 4 juin 2023 à Marennes) et les associations, qui constituent pratiquement la seule trace de l'oppression des sourds qu'ils soient juifs ou pas (stérilisation, déportation et extermination) par Hitler et son régime de terreur meurtrière.

Le château de Germolles présente sur ses murs de nombreux et discrets témoignages permettant de mieux comprendre son histoire au cours des siècles. Ce sont d’abord des traces d’instruments, laissées par les outils qui ont servi à équarrir, tailler et sculpter les blocs. L’usage d’instruments différents à des périodes diverses facilite la datation des pierres travaillées. Il y a aussi les marques laissées intentionnellement par les tailleurs de pierre : marques de carriers (destinées à identifier les lots de pierres détachés des fronts de taille), de pose (utiles pour connaître le placement des blocs dans les élévations), de secteurs (désignant les pierres destinées à telle partie de l’édifice), de tâcherons (sortes de signatures nécessaires pour le paiement des travaux effectués). Il existe également des graffiti, gravés à des époques diverses, dessins figurés, signatures, signes symboliques, ou des marques d’usage signalant la succession des générations… Germolles présente bon nombre d’éléments de ce type qui passent d’autant plus inaperçus qu’ils sont souvent peu visibles. Ce parcours nous emmènera du cellier aux logis et aux escaliers, à la recherche de ces infimes et précieux témoignages, qui complètent nos connaissances… ou gardent leur mystère !